Les verres en plastique réutilisables sont-ils la réponse zéro déchet?
18 Mars 2019 | Marie Knowles
Crédit photo: Ryan Everton
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Se soucier de l’environnement signifie-t-il se débarrasser du plastique? Ou l’utilisation du plastique peut-elle être une réponse à notre crise des déchets? L’entrepreneur Ryan Everton révolutionne notre façon d’utiliser et de réutiliser grâce à son entreprise durable, Globelet. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus.
Comment avez-vous commencé à fabriquer des verres écologiques?
Mon premier mentor d’affaires, qui a passé les 20 dernières années à travailler pour Steve Jobs, m’a dit : « Veux-tu créer une entreprise qui te rapporte de l’argent? Ou veux-tu créer une entreprise qui améliore aussi le monde? Parce que les deux vont te demander autant de temps et d’énergie. » J’étais à un match de rugby lorsque j’étudiais le droit à l’Otago University [Dunedin, Nouvelle-Zélande] et j’ai vu la pile de verres utilisés durant le match, et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi nous jetions tous ces verres à usage unique. Je me suis dit que nous pourrions faire mieux et c’est là que j’ai eu l’idée de Globelet.
Avez-vous commencé à voir un changement de comportement chez les clients?
Oui, avant les personnes s’en fichaient, ils voulaient juste acheter moins cher et mieux. Maintenant, en tant que consommateurs, nous cherchons à acheter quelque chose qui nous rend meilleurs et qui rend le monde meilleur. Mais, nous devons changer le système pour faciliter ces choix. Si vous allez au supermarché et qu’une tomate coûte 1 $, mais que le sac de 6 tomates coûte 2 $, allez-vous acheter un sac de 6 ou payer 2 $ pour 2 tomates non emballées? La plupart des gens vont opter pour le sac de 6. Chez Globelet, ce que nous avons essayé de mettre en place concerne moins le choix des gens que la création d'un système où les gens n'ont pas à se poser de questions.
Quelle importance accordez-vous à la sensibilisation à l'environnement?
L’éducation est la clé. Comprendre ce que vous pouvez faire et en être conscient. Si la sensibilisation signifie la conscience et que plus de gens sont conscients, nous verrions plus de gens faire la bonne chose pour améliorer le monde et le protéger.
« Plastique » est un mauvais mot par les temps qui courent, mais vous semblez être un admirateur. Comment le plastique peut-il contribuer à améliorer le monde?
Il y a beaucoup de stigmates autour du « plastique », mais en fait il rend nos voitures plus légères et il conserve nos aliments plus longtemps. Et, il permet de donner accès à des ressources et produits à plus de gens et à moindres coûts ce qui en bout du compte améliore le monde. Le plastique et les emballages à usage unique constituent le problème. En 1973, Nathaniel Wyeth a inventé la bouteille à usage unique. À peu près au même moment, Gary Anderson a créé le logo universel du recyclage. En 40 ans, seulement 14 % ont été recyclés. Le reste, d’une valeur de 80 à 120 millions de dollars, est jeté chaque année. Le plus difficile au cours des 8 dernières années a été de convaincre les gens de l’utilité du produit et de leur faire comprendre les systèmes circulaires. Et, il ne s’agit pas d’acheter un produit compostable fait en Asie et de l’utiliser une seule fois. Il s’agit davantage d’acheter des produits réutilisables et de les utiliser à vie.
Combien d’événements Globelet approvisionne-t-il par année et quels sont les effets sur la réduction des déchets?
Nous approvisionnons plus de 3 000 événements par année et détournons probablement plus de 10 millions de verres et de bouteilles à usage unique du dépotoir. Notre prochaine mission est de débarrasser les villes du plastique à usage unique grâce à des systèmes technologiques. Et si les produits réutilisables étaient tracés et valaient quelque chose? Est-ce que vous le perdriez quand même?
Parlez-nous de votre système de lavage. Pourquoi est-il si révolutionnaire?
Le plastique ne se nettoie pas et ne sèche pas aussi facilement que le verre ou d’autres matériaux. Quand on lave le plastique, l’eau y adhère et elle peut causer la croissance de moisissure. Nous avons donc inventé des séchoirs qui peuvent faire sécher plus de 10 000 verres à l’heure, ce qui nous permet d’approvisionner un stade ou une ville en verres réutilisables sans aucun risque pour la santé. Notre système de lavage recycle 98 % de son eau et nos séchoirs sèchent complètement le plastique. Nous pouvons ainsi compétitionner avec le plastique à usage unique parce que nous pouvons laver et sécher le plastique plus rapidement. Nous pouvons donc être aussi économiques et pratiques que le plastique à usage unique. Notre système utilise beaucoup moins d’eau que les lave-vaisselle traditionnels. Nous utilisons aussi moins d’énergie et sommes plus durables que le plastique à utilisation unique.
Sur votre blogue, vous parlez un peu de la richesse – ce qu’elle est et ce qu’elle signifie par rapport à l’argent. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs ce que vous voulez dire?
La richesse, c’est faire un pas de plus vers la nature. Il s’agit de profiter de ce que nous avons. Nous vivons dans un monde débordant de richesses et d’occasions. Plus que jamais nous avons la liberté de créer ce que nous voulons. La plupart des sujets que j’aborde dans mon blogue proviennent d’un livre intitulé La Révolution d’un seul brin de paille. La philosophie de l’auteur est que nous devrions toujours faire un pas de plus vers la nature et que la vie, c’est être près de la nature. Il s’agit moins des choses matérielles et plus de ce que la nature produit pour nous aider à profiter de la vie. On peut toujours choisir de profiter de la vie au lieu de rester assis dans un bureau pour faire de l’argent. La richesse est composée des liens que vous établissez, de la valeur que vous ajoutez dans la vie d’autres êtres humains, de la satisfaction de savoir que vous avez fait ce qu’il fallait pour réaliser un rêve.
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